Histoire de la Radio 1ère partie - Radio Caroline / Véronica (suite 01)

En mer, ça souffle très fort également à tel point que le navire de Radio Véronica s’échoue sur la plage de Scheveningen. Comme il ne parvient pas à reprendre la mer, Ronan O’Rahilly propose à Radio Véronica de lui louer les services du Mi Amigo. A partir du 11 avril 1973, Radio Véronica est de retour sur les ondes (1187 Khz) depuis les studios et l’un des émetteurs (10 KW) du navire de Radio Caroline. 333Les auditeurs de Radio Veronica viennent voir leur station à défaut de l’écouter.

10 jours plus tard, le navire de Véronica reprend la mer. Avec l’argent gagné, Caroline veut régler ses problèmes techniques et un nouveau mat antenne est acheté puis installé en mer. Un second studio est mis en construction et les deux émetteurs du bord sont réparés. En conséquence, il est prévu de démarrer deux stations : Caroline One sur 773 Khz et Caroline Two sur 1187 Khz.

La réalité est différente : l’argent frais manque rapidement. C’est donc une autre station, Radio Atlantis qui arrive à partir du 15 juillet à bord du Mi Amigo, apportant des fonds sous forme de location.

Le soir, un service de musique progressive est mis en place sous le nom de Radio Seagull.

Atlantis, Caroline, Seagull... les noms de radio se succèdent sur le navire de Radio Caroline

Le mat de l’antenne tombe à nouveau en octobre et il faut faire appel à une modeste antenne provisoire. Le 18 octobre, le contrat de location avec Radio Atlantis est fini, cette station ayant décidé d’avoir son propre navire émetteur, le MV Jeanine.

Radio Atlantis émet sur 1322 Khz depuis le navire MV Jeanine

Mais l’équipe de Radio Caroline ne baisse pas les bras et entame la construction d’un nouveau mat durant une période de très mauvais temps. A noël tout est en place et le 1° janvier 1974, une nouvelle station néerlandaise démarre depuis le Mi Amigo, Radio... Mi Amigo !

Une nouvelle fois, Ronan O’Rahilly a su trouver les moyens financiers permettant à Radio Caroline de rester sur les ondes à travers la location de studios et d’émetteur. Cette fois, il s’agit d’un vendeur de gaufres, Sylvain Tack, qui va connaître un succès phénoménal avec sa station Radio Mi Amigo. Après trois mois d’émission, les sondages officiels donnent Radio Mi Amigo comme la station la plus écoutée aux Pays Bas, largement devant les radios d’état mais aussi les radios offshore comme Radio Véronica. L’introduction d’un rythme effréné, d’une programmation, de publicités et d’animateurs particulièrement dynamiques font le succès de la station. Mais c’est aussi une réussite commerciale avec la diffusion de beaucoup de publicités et l’argent rentre.

Radio Seagull disparaît au profit de Radio Caroline qui revient la nuit avec des programmes anglais laissant les émissions de jour à Radio Mi Amigo en néerlandais.

Les bruits de botte reviennent le 31 août 1974 et l’histoire se répète : les Hollandais imitent les Anglais et décident d’interdire la collaboration à des radios offshore. Les auditeurs néerlandais vivent l’événement comme un drame en appelant cette journée "le jour où la musique est morte" : Radio Véronica, Radio Atlantis et Radio Northsea International se taisent définitivement.

Deux jours auparavant, le Mi Amigo a levé l’ancre. Tout en émettant, il est remorqué vers les cotes anglaises de l’Essex où il s’ancre à 18 miles du rivage, toujours en eaux internationales.

A minuit le 31 août 1974, Radio Caroline est à nouveau une "hors la loi" mais Radio Caroline continue...

Anecdote : Pendant le programme de Brian Anderson le 27 février 1974, une liaison est réalisée entre le navire de Caroline et la radio officielle néerlandaise Hilversum III. Un de leurs techniciens demande en direct à Peter Chicago, ingénieur de génie de Radio Caroline, pourquoi le son de Caroline est bien meilleur que celui de Hilversum qui pourtant a bien plus de puissance ! Peter Chicago explique alors que Radio Caroline a un avantage unique, celui d’émettre depuis la mer qui permet à l’antenne d’avoir un rayonnement exceptionnel. Ainsi, le son de Caroline avec un émetteur de 50 Kw depuis la mer est largement meilleur qu’un émetteur à terre 4 fois plus puissant. Radio Caroline "irradie" de sa musique des pays (ou partie de pays) comme les Pays Bas, la Belgique, la France, la Grande Bretagne, le Luxembourg, l’Allemagne, la Scandinavie...

4) Radio Caroline abordée en direct

Le retour de Radio Caroline au large de leurs côtes n’a pas vraiment fait plaisir aux autorités anglaises qui ne peuvent que constater que le phénix renaît sans cesse de ses cendres. Une guérilla quasi permanente est alors instaurée par les officiels anglais. 333Le 18 septembre 1975, 6 personnes sont condamnées par la justice anglaise pour avoir travaillé ou ravitaillé Radio Caroline. Il s’agit notamment des djs Andy Archer et John B. Quant à Michael Baker, il est reconnu coupable de livraison de disques.

Terrible tempête le 10 novembre 1975 sur le Mi Amigo qui casse sa chaîne d’ancre et part à la dérive puis s’échoue sur un banc de sable. L’équipage a bien conscience de sa situation extrêmement périlleuse et tente sans succès de larguer l’ancre de secours. Quant à leur position précise, sans matériel de navigation à bord, ils ne peuvent rien faire, donc le navire est sans contrôle, livré à la tempête. Seule possibilité, utiliser l’émetteur pour alerter les secours et assurer à leurs familles que le danger n’est pas immédiat. Les auditeurs noient les services de secours sous les appels. A l’aide de ses moteurs, le navire parvient enfin à stabiliser sa position et les programmes reprennent peu après.

Deux jours plus tard alors que le temps se calme, un navire de la police anglaise aborde le Mi Amigo et ses officiels investissent le navire. Raison invoquée : le navire est en eaux territoriales anglaises !

Durant l’abordage, l’ingénieur du bord Peter Chicago a juste le temps d’arrêter la diffusion des programmes enregistrés de Radio Mi Amigo et d’ouvrir le micro dans le studio de Caroline cherchant délibérément à informer les auditeurs et surtout l’organisation à terre. Ils entendent donc en direct :

Êtes-vous de nationalité néerlandaise ? Non, pourquoi ? Voulez-vous couper ça s’il vous plait ? Non pourquoi ? Il n’y a rien qui.... ce ne sont que des magnétophones. Coupez ça ! Non. Il n’y a rien !! S’en suit un bruit de bagarre et la dernière phrase de Peter Chicago est : "Ne coupez pas..."

Il est 15h01 et le micro vient d’être coupé par les abordeurs. Le bateau est fouillé de fond en comble, papiers, bandes et programmes sont confisqués. Des pièces vitales sur les émetteurs sont emportées. Le capitaine du bateau, l’ingénieur Peter Chicago et 2 djs (Simon Barett et Michael Lloyd) sont arrêtés et ramenés à terre. Le lendemain ils sont immédiatement jugés et condamnés.

A bord du Mi Amigo, il reste quelques hommes d’équipage qui ont bien des soucis car le 17 novembre, le Mi Amigo perd à nouveau sa chaîne d’ancre. Ils sont sans capitaine mais ils parviennent à reprendre le contrôle de la situation en larguant l’ancre de secours.

Les Anglais ne se doutent pas qu’ils ont commis une très grosse erreur. Ils ont arrêté des hommes en laissant le bateau sur place. A bord, ils en profitent pour se déplacer et venir se positionner en eaux internationales au large de Margate dans l’Estuaire de la tamise : le 26 novembre 1975, Radio Caroline revient sur les ondes avec son émetteur de 10Kw puis deux jours plus tard, avec celui de 50 KW. Humiliation pour les Anglais qui jurent que la prochaine fois, ils saisiront le navire !333La guerre continue de plus belle avec la chasse aux ravitailleurs. Durant les années 75, 76 et 77 des arrestations ont lieu en Belgique, aux Pays Bas et en France. A Boulogne sur Mer, un artisan pécheur qui apportait de la nourriture à bord du Mi Amigo est condamné par la justice française. Comme de nombreux pays européens la France est signataire de la Convention de Strasbourg qui combat les radios offshore. Un pays ne l’a pas ratifié, l’Espagne. C’est à Playa de Aro que Radio Mi Amigo s’installe et tout est piloté de cette plage espagnole de la Costa Brava où sont installés les studios, les animateurs et la direction de la station. Toute une organisation fait alors remonter les bandes et le matériel vers des ports d’où partent des petits bateaux vers le Mi Amigo. Des parachutages sont même organisés sur le navire émetteur.

En Angleterre même, la justice redouble d’activité contre tout ce qui touche de prés ou loin à Radio Caroline. Début 1976, un nouveau pas est franchi avec la condamnation d’un citoyen britannique, Donald Doyle. Il est reconnu coupable d’avoir affiché des autocollants de Radio Caroline sur sa discothèque mobile. Pour cet acte hautement répréhensible, il est emprisonné ! C’est le premier britannique à faire de la prison à cause de Radio Caroline.